vendredi 16 septembre 2011

L’énergie de chez nous: oui au codéveloppement du gaz de shale.


Depuis toujours au Québec nous manifestons une grande fierté à mettre en valeur les ressources de notre territoire. La création, en région, de la richesse et de l’emploi, l’habilité de nos entrepreneurs et la qualité de notre main-d’œuvre sont des sujets qui demeurent d’actualité et avec lesquels nous sommes bien familiers.

S’il est vrai qu’au fil des ans le récit de l’exploitation des ressources s’est grandement transformé par l’ajout de thèmes incontournables comme celui de la maximisation des retombées économiques et celui du développement durable, une réalité s’impose: la volonté des Québécois de tirer profit de la meilleure façon possible des ressources de notre territoire ne s’est jamais démentie. Dans ce contexte, une question domine: pourquoi n’en serait-il pas de même au sujet de l’exploitation des ressources gazières de chez nous?

Or, depuis plus d’un an, la discussion sur l’exploitation des gaz de shale soulève des passions. La précipitation manifestée tant par le gouvernement que par l’industrie ajoutée à notre manque de connaissances généralisé a, à juste titre, échauffé bien des esprits. Devant le barrage qui se levait, le gouvernement édicta pour deux ans un quasi moratoire, le temps de mener de nouvelles études. En somme, la vigilance des citoyens fut récompensée, Québec a pris ses responsabilités et a mis en œuvre le principe de précaution.

Pendant cette pause où le gouvernement relègue à d’éminents spécialistes le soin de nous éclairer, nous serions mal avisés de rester les bras croisés. Voici pourquoi.

Une grande majorité de ceux qui ont réclamé un moratoire n’ont pas fermé la porte à l’industrie. Ils réclament plutôt avec véhémence un encadrement juridique clair, apte à protéger la qualité de leur environnement. Ceux qui la composent sont encore à l’écoute et en attente. Au même moment, l’industrie, elle, travaille. Elle s’adapte, le ton change. Tout récemment d’ailleurs, l’association pétrolière et gazière du Québec (APGQ) s’engageait formellement à divulguer une liste exhaustive des produits utilisés dans le processus de fracturation et à publier tous les renseignements relatifs à l’utilisation de l’eau. C’était d’ailleurs un prérequis à tout dialogue sérieux.

De plus, s’il est difficile de quantifier aujourd’hui l’ensemble des retombées économiques, trois choses semblent certaines. Premièrement, tout indique qu’elles pourraient être fort importantes. SECOR évoque la création de 5 000 à 19 000 emplois en région dans les secteurs de l’exploration et de l’exploitation et d’une réduction de déficit commercial de 800 millions à 3 milliards de dollars par année. Ensuite, l’exploitation efficace de la ressource n’est possible que si une industrie des services voit le jour au Québec. Il faut savoir à ce sujet qu’une règle se vérifie avec le temps: pour chaque emploi créé dans le secteur de l’exploration ou de l’exploitation, il y en a dix qui naissent dans le secteur des services. SECOR n’a pas étudié cette question. Il n’est donc pas farfelu d’affirmer que la création d’emplois a été, à ce jour, sous-estimée. Finalement, il est impératif d’obtenir plus d’informations sur la quantité et la qualité des ressources disponibles. Les exercices de fracturation hydraulique rendus possibles dans le cadre l’évaluation environnementale stratégique en cours devraient nous éclairer.

Ceux qui péremptoirement ignorent ces trois réalités commettent une grave erreur.

En conclusion, s’il est vrai que le débat sur les redevances est important celui sur l’actionnariat des compagnies l’est encore plus. Pourquoi, les québécois, à travers des sociétés mandatées à ces fins, ne partageraient-ils pas, avec l’industrie, les risques et les retombées associés au développement de l’industrie. Je souhaite ardemment que nous répondions collectivement à cette question. Pour ma part, sans hésitations, je dis oui au codéveloppement de gaz de shale.

Je termine avec un trop court mot, j’en conviens, au sujet des enjeux environnementaux.

La protection de la santé des populations avoisinantes ainsi que la protection de l’eau et de l’air sont des impératifs. Je connais la compétence et la prudence de l’équipe du ministère de l’Environnement et j’ai confiance que nous saurons y arriver. Le jeu n’en vaudrait pas la chandelle si, sur ces questions, nous étions perdants. Ce qui ne veut pas dire toutefois que nous pouvons espérer qu’une main magique nous protège de tout incident. Comme en toute autre matière, il y a des risques à gérer.  Reconnaissons toutefois qu’il se creuse des milliers de puits par année au Canada et, qu’à ce jour, les prophètes de malheur ont été confondus. Reconnaissons aussi que l’empreinte carbone du gaz de shale est inférieure à celle de bien d’autres sources d’énergie et que les effets de substitution sont réels.

Voilà! Je n’ai rien perdu de mes convictions. L’acceptabilité sociale ne s’achète pas, je fais le choix d’y travailler.

8 commentaires:

  1. Belles paroles...
    Vous pensez vraiment que les Québécois peuvent accorder leur confiance à leur gouvernement qui d'une part
    -compose avec une économie provinciale moribonde,
    -a conduit le trésor public en situation déficitaire catastrophique,
    -est aux prises avec des cauchemars dans plusieurs secteurs (construction, santé, IT) et
    -a permis un appauvrissement sans précédent des compétences de sa fonction publique,
    et d'autre part est censé, via cette même fonction publique dégarnie et dépassée, nous garantir que l'industrie des gaz de schiste ne causera pas de dommages horribles à notre santé et à notre environnement?

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  2. Très, très, très déçu de cette décision...

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  3. Monsieur Boisclair,
    Recommandez donc que le gouvernemet mette sur pied une agence environnementale indépendante, composée d'experts externes reconnus (scientifiques, économiques et industriels), financée conjointement, qui puisse donner son accord à tout projet qui affecte notre environnement.

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  4. La population du Québec saura se rallier le jour où on lui parlera de manière intelligente dans le respect de ses droits, de ses ressources et du territoire qu'il occupe.

    Elle veut aussi très certainement PROFITER de ses abondantes ressources mais pas aux conditions ridicules et humiliantes que le gouvernement actuel était, lui, prêt à accepter.

    J'ai confiance que vous contribuerez significativement à assainir le dialogue autour de cet enjeu et que vous garderez le bien commun au centre de vos préoccupations incluant celui des entreprises.

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  5. Je vous cite: «L’acceptabilité sociale ne s’achète pas, je fais le choix d’y travailler.» Non, elle ne s'achète pas. J'ai plutôt l'impression qu'avec vous elle se vend!

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  6. Les mêmes problèmes écologiques que rencontraient ceux qui ont été de l'avant dans l'exploitation de cette ressource comme par exemple en Pennsylvanie se répète de façon identique ici et maintenant. La technologie employé n'est pas adéquate, j'imagine bien que des progrès ont été fait mais ce n'est pas assez,je suis suffisamment informé pour savoir que les fuites ne peuvent être empêchée. Car ça fuit, le gaz s'échappe et le liquide sablonneux employé pour fracturer se répand est d'une toxicité vraiment importante.

    Alors oui, il y aura détérioration de notre écosystème à moyen ou long terme. Des journalistes, écologistes, prof d'université commentent, documentent, film et on constatent l'échec. Désolé mais le politicien mandaté par cette industrie n'a qu'un seul but et c'est de faire pression sur le publique et sur son gouvernement.

    Je ne tiens pas du tout à être informé ou plutôt désinformé par un représentant de l'industrie visée. Laissons les gens de profession tels les biologistes, géophysiciens, ingénieurs... faire leurs boulot et nous rendent compte.

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  7. Monsieur Boisclair, vous exprimez déjà une opinion très favorable à l'industrie du gaz de schiste, mais vous terminez également votre lettre ouverte en réaffirmant que les enjeux environnementaux vous préoccupent également; "Je n’ai rien perdu de mes convictions. L’acceptabilité sociale ne s’achète pas..."
    Je vous invite donc à prendre connaissance de questionnements que j'ai formulés en tant qu'ingénieur-géologue et avec une bonne expertise dans le domaine du shale d'Utica; c'est un peu technique certes, mais néanmoins expliqué en termes bien concrets:

    https://www.facebook.com/gazdeschiste2

    Je vous suggère de commencer par les deux vidéos, qui sont en fait, un résumé des quatre documents techniques, aussi sur ce site. Bon visionnement. Si vous avez des questions ou commentaires, je vous prie de ne pas hésiter à me les faire parvenir.

    Ces textes et vidéos circulent abondamment et ont été traduits en anglais, comme sur ce site pour citer un exemple:
    http://www.damascuscitizens.org/Durand_shale_gas_faults.html

    Marc Durand, doct-ing en géologie appliquée,
    professeur retraité, Département des Sciences de la Terre, UQAM

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  8. M. Boisclair, je vous ai regardé hier à RDC parler des gaz de shale. Je ne savais pas que vous étiez consultant pour une compagnie d'exploitation gazière. J'ai été un peu (beaucoup) déçue que vous mettiez l'emphase sur le produit final de l'exploitation des gaz de shale, c'est-à-dire, le méthane, plutôt que sur ce qui nous conduit à ce produit. Le procédé de fracturation (donc les produits mélangés à l'eau) et l'utilisation massive de nos ressources en eau sont pourtant les enjeux majeurs de cette exploitation. Je crois fermement que vous êtes quelqu'un d'intelligent et je comprends donc votre intérêt à mettre l'accent sur le méthane qui est somme toute inoffensif. Cependant, moi aussi je suis intelligente, comme beaucoup de Québécois, et je n'oublierai pas les décilitres d'eau prélevés, les produits ajoutés et les risques associés à l'exploitation. Vous devriez affronter ces problèmes et tenter d'y répondre au lieu de tenter de nous diriger sur la piste du "produit final inoffensif" qui nous aidera à atteindre nos objectifs de Kyoto. L'industrie gagnerait à être plus transparente. Le cadre juridique provincial et fédéral laisse beaucoup de latitude aux compagnies pour oeuvrer - trop sans doute - et il y a trop d'incertitudes dans le dossier de l'exploitation des gaz de shale.

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